Résumé exécutif
Le Mali, pays stratégique d’Afrique de l’Ouest, offre des opportunités d’investissement attractives pour les investisseurs internationaux. Les secteurs clés incluent les mines, l’agriculture, l’énergie, et les domaines émergents comme la santé, l’éducation et les FinTechs.
Avec une croissance économique de 4,5% en 2023 et des prévisions à 5,1% pour 2024, le Mali présente un potentiel significatif. Cette croissance persiste malgré certains défis sécuritaires et bureaucratiques qui continuent d’affecter l’économie nationale.
Ce rapport détaille les secteurs porteurs, analyse les risques et opportunités, et propose des recommandations stratégiques pour les investisseurs souhaitant s’implanter dans ce marché en développement.
Contexte général
- Superficie : 1 241 238 km² (pays enclavé)
- Population : 22,6 millions d’habitants (2023), dont 60% ont moins de 25 ans
- Capitale : Bamako (centre politique et économique)
- Langues : Français (officielle), bambara (largement parlée)
- Monnaie : Franc CFA (indexé sur l’euro, stable et favorable aux échanges internationaux)
Le Mali constitue un carrefour commercial stratégique en Afrique de l’Ouest. Sa position géographique lui permet de relier plusieurs pays de la région. L’économie malienne repose principalement sur l’agriculture, les mines, et les services.
Situation économique et croissance (2023-2024)
Croissance économique
Le Mali a enregistré une croissance du PIB de 4,4% en 2023, après 3,5% en 2022. Cette progression s’appuie largement sur la production agricole et minière qui demeurent les piliers de l’économie nationale.
Pour 2024, les prévisions indiquent un ralentissement à 3,8%, principalement en raison des coupures d’électricité et de la fermeture temporaire de certaines mines d’or. Ces facteurs conjoncturels devraient progressivement s’atténuer dans les années à venir.
Les perspectives pour 2025 annoncent une reprise avec 4,4% de croissance si les infrastructures énergétiques et minières bénéficient des améliorations prévues.
Source : Trésor français
Inflation et dette publique
L’inflation moyenne annuelle s’est établie à 2,2% en 2023, en forte baisse par rapport aux 9,7% de 2022. Cette maîtrise de l’inflation témoigne d’une meilleure gestion macroéconomique et de la stabilisation des prix des produits de base.
La dette publique représente 55,9% du PIB en 2023, en légère hausse par rapport aux 53,1% de 2022. Ce niveau reste gérable mais nécessite une surveillance attentive pour garantir la soutenabilité des finances publiques à long terme.
Source : Banque africaine de développement
Commerce extérieur
Le déficit du compte courant atteint 8,7% du PIB en 2023. Les prévisions annoncent une réduction à 6,4% en 2024 puis 5,9% en 2025. Cette tendance positive reflète les efforts d’ajustement structurel entrepris par le gouvernement malien.
Le déficit est principalement causé par l’augmentation des importations et la baisse des exportations de coton. Les stratégies de diversification des exportations devraient contribuer à réduire progressivement ce déséquilibre commercial.
Source : Banque africaine de développement
Ressources naturelles et secteurs clés
Secteur minier
Le Mali se positionne comme 4ème producteur africain d’or avec 67 tonnes extraites en 2023, représentant 10% du PIB et 75% des exportations nationales. Cette position témoigne de l’importance stratégique du secteur aurifère dans l’économie malienne.
Les réserves de lithium sont estimées à 500 000 tonnes, plaçant le pays comme un acteur émergent sur ce marché en pleine expansion. L’inauguration en décembre 2024 de la mine de lithium de Goulamina constitue une avancée majeure.
Située dans la région de Bougouni, cette mine est désormais la plus importante d’Afrique en termes de capacité de production. Le projet, exploité par Lithium du Mali en partenariat avec la société chinoise Ganfeng Lithium, devrait générer environ 250 milliards de francs CFA pour les entreprises locales.
Les perspectives d’exploitation s’étendent sur une durée minimale de 21 ans, garantissant des retombées économiques durables pour le pays.
Source : fr.wikipedia.org
Les gisements de bauxite et de fer constituent également des ressources prometteuses. Actuellement sous-exploitées, elles offrent d’importantes opportunités pour les investisseurs disposant d’une expertise technique dans l’extraction et la transformation de ces minéraux.
Pour soutenir ce secteur, le gouvernement propose plusieurs mesures incitatives:
- Exonération de TVA sur les équipements miniers pendant 5 ans
- Taux d’imposition réduit à 25% pour les sociétés minières
Source : Mine de lithium de Goulamina
Agriculture
L’agriculture demeure un pilier fondamental de l’économie malienne. Elle contribue à 39% du PIB et emploie 70% de la population active. Ce secteur représente donc un levier essentiel pour le développement économique et social du pays.
La production de coton a connu une hausse remarquable de 49% en 2023. Le Mali s’affirme comme premier producteur en Afrique de l’Ouest et deuxième exportateur africain avec 760 000 tonnes produites en 2023.
Le secteur rizicole offre également un potentiel considérable de transformation pour réduire la dépendance aux importations. D’autres cultures comme les mangues et les arachides complètent un portefeuille agricole diversifié et prometteur.
L’élevage constitue une composante importante du secteur avec 11 millions de bovins et 30 millions d’ovins et caprins. Cette filière traditionnelle bénéficie d’un savoir-faire ancestral et d’un potentiel d’exportation vers les pays voisins.
Pour encourager les investissements dans ce secteur, le gouvernement a mis en place plusieurs avantages fiscaux:
- Exonération de droits de douane sur les équipements agricoles
- Taux d’imposition réduit à 15% pour les projets agro-industriels
Source : INSTAT Mali
Énergie et transition écologique
Le Mali dispose d’un potentiel considérable en énergies renouvelables. Toutefois, le taux d’électrification reste limité à 45% de la population, avec une forte dépendance aux importations d’électricité. Cette situation crée de nombreuses opportunités d’investissement dans le secteur énergétique.
Le barrage de Sélingué, situé dans la région de Sikasso, constitue l’un des principaux centres de production d’énergie du pays. Avec une puissance globale de 44,8 MW, il fournit environ 28% de la production électrique nationale. Les zones desservies incluent Bamako, Kati, Koulikoro et Ségou.
Source : fr.wikipedia.org
La centrale photovoltaïque de Kita, mise en service en 2020, figure parmi les plus importantes d’Afrique de l’Ouest. Sa capacité de 50 MW lui permet d’alimenter environ 120 000 foyers. Ce projet exemplaire résulte d’un partenariat entre l’entreprise française Akuo Energy et l’État malien.
Source : fr.wikipedia.org
Les opportunités d’investissement dans ce secteur comprennent:
Le développement des énergies renouvelables (solaire, hydroélectrique) offre un potentiel considérable. Les partenariats public-privé permettraient de moderniser les infrastructures existantes tout en élargissant l’accès à l’électricité.
L’investissement dans des mini-centrales solaires rurales pourrait transformer les zones isolées. Le développement de solutions de stockage énergétique stabiliserait le réseau et optimiserait l’utilisation des ressources disponibles.
Pour soutenir ces initiatives, le gouvernement propose:
- Exonération de TVA sur les équipements énergétiques pendant 10 ans
- Taux d’imposition réduit à 20% pour les projets d’infrastructure
Source : Banque africaine de développement
Santé
Le secteur de la santé au Mali présente des défis majeurs et une demande croissante en infrastructures et services médicaux. Selon l’Enquête Démographique et de Santé de 2018, les indicateurs de santé maternelle et infantile restent préoccupants.
Le taux de mortalité infantile s’établit à 54 pour 1 000 naissances vivantes. Le taux de mortalité maternelle atteint 325 pour 100 000 naissances. Ces chiffres soulignent l’importance d’investir dans l’amélioration des services de santé.
Source : files.aho.afro.who.int
Le ratio de lits d’hôpitaux par habitant reste faible, avec une moyenne nationale de 0,1 lit pour 1 000 habitants. Ce chiffre se situe bien en-dessous des recommandations de l’OMS. La construction d’hôpitaux et de cliniques, particulièrement dans les zones rurales, constitue donc une priorité.
Source : files.aho.afro.who.int
Le Mali dépend largement des importations pour ses besoins en médicaments et équipements médicaux. Le développement d’une production locale pourrait réduire cette dépendance et améliorer la disponibilité des produits essentiels.
Pour encourager les investissements dans ce secteur, le gouvernement offre plusieurs avantages fiscaux:
- Exonération de droits de douane sur les équipements médicaux importés
- Taux d’imposition réduit pour les projets de santé
Source : dgi.gouv.ml et investmentpolicy.unctad.org
Éducation
Le secteur éducatif malien bénéficie d’une démographie favorable. Environ 60% de la population a moins de 25 ans, créant une demande importante en infrastructures éducatives adaptées. Cette jeunesse représente un potentiel humain considérable pour le développement du pays.
La construction d’écoles et de centres de formation constitue une opportunité d’investissement majeure. Le développement de programmes éducatifs numériques permettrait également de moderniser l’enseignement et de le rendre accessible au plus grand nombre.
Pour encourager les investissements dans ce secteur, le gouvernement propose:
- Exonération de TVA sur les équipements éducatifs pendant 7 ans
- Taux d’imposition réduit à 10% pour les projets éducatifs
Plusieurs initiatives internationales soutiennent le secteur éducatif malien. La Banque mondiale a notamment approuvé un financement de 80 millions de dollars en 2021 pour améliorer la qualité de l’éducation au Mali.
Source : banquemondiale.org et UNESCO – Mali
FinTechs
Le secteur des FinTechs au Mali connaît une croissance remarquable. Le pays compte actuellement 18 FinTechs actives et 11 facilitateurs et partenaires financiers. La technologie des API s’impose comme solution principale dans ce domaine innovant.
Source : findevgateway.org
Sama Money est devenu le cinquième établissement de monnaie électronique au Mali en septembre 2023. Cette entreprise rejoint Orange Money, Moov Money, Wizall et Zelia sur le marché local. Contrairement à ses concurrents, Sama Money se distingue comme première FinTech opérant de façon totalement autonome.
Source : agenceecofin.com
L’Association Mali Fintech (AMF) joue un rôle déterminant dans la promotion des FinTechs. Elle contribue activement à la modernisation de l’écosystème financier du pays grâce à diverses initiatives de soutien et de formation.
Source : malifintech.org
Les principales opportunités d’investissement dans ce secteur concernent le développement des paiements mobiles et la digitalisation des services bancaires. Ces innovations peuvent significativement améliorer l’inclusion financière dans un pays où le taux de bancarisation reste faible.
Immobilier et urbanisation
Le marché immobilier de Bamako montre une dynamique positive ces dernières années. Le développement du secteur minier, notamment l’exploitation de l’or et du phosphate, a stimulé la demande de logements de standing supérieur dans la capitale.
Source : lecoxer.com
Le déficit de logements est estimé à 300 000 unités, révélant une demande insatisfaite considérable. Cette situation crée des opportunités significatives pour le développement de logements sociaux et de standing, ainsi que pour la construction de centres commerciaux et d’immeubles de bureaux.
Pour encourager les investissements immobiliers, le Mali dispose d’un Code des investissements prévoyant diverses incitations. Les avantages fiscaux incluent des exonérations fiscales, des réductions d’impôts et des facilités de rapatriement des bénéfices.
Source : danyaimmobilier.com
Tourisme
Le Mali possède un patrimoine culturel et naturel exceptionnel. Plusieurs sites sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, notamment Tombouctou, Djenné et le Pays Dogon. Ces trésors offrent un potentiel considérable pour le développement du tourisme culturel et écologique.
Le secteur touristique fait face à des défis importants, principalement liés à l’insécurité dans certaines régions. Pour atténuer ce risque, il convient de concentrer les efforts sur les zones stables et sécurisées du pays.
Le manque d’infrastructures hôtelières constitue également un frein au développement touristique. L’investissement dans des hôtels modernes et des initiatives d’écotourisme pourrait combler cette lacune et valoriser le potentiel touristique malien.
Le Code des investissements prévoit des avantages fiscaux spécifiques pour encourager les projets touristiques. Ces mesures incluent des exonérations fiscales et des réductions d’impôts significatives.
Source : danyaimmobilier.com
Import-export
Principaux produits exportés
L’or représente 75% des exportations maliennes avec 67 tonnes extraites en 2023. Le coton positionne le Mali comme 2ème exportateur africain avec 760 000 tonnes produites en 2023. Divers produits agricoles complètent ce portefeuille d’exportation, notamment les mangues, les arachides et le riz.
Source : INSTAT Mali
Principaux produits importés
Les importations maliennes se concentrent sur les équipements industriels, incluant machines et matériel minier. Les produits pétroliers (carburants, lubrifiants) constituent également un poste important. Les produits pharmaceutiques, médicaments et équipements médicaux complètent ces importations essentielles.
Source : Banque mondiale – Mali
Infrastructures logistiques
En tant que pays enclavé, le Mali dépend de plusieurs ports régionaux pour son commerce international:
Le Port d’Abidjan (Côte d’Ivoire) sert de principal point d’exportation pour l’or et le coton maliens. Le Port de Dakar (Sénégal) offre un accès stratégique aux marchés européens et américains. Le Port de Tema (Ghana) facilite le transit de matériel industriel et d’hydrocarbures vers le Mali.
Source : Banque africaine de développement
Climat des affaires et régime fiscal
Le Mali s’efforce d’améliorer son environnement économique pour attirer davantage d’investissements étrangers. Le cadre fiscal et les mesures incitatives constituent des leviers essentiels de cette stratégie de développement.
L’impôt sur les sociétés est fixé à 35%, un taux relativement élevé comparé à certains pays voisins. La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) s’élève à 18%. Ces taux peuvent influencer les décisions d’investissement, particulièrement concernant la rentabilité des projets.
Pour atténuer cet impact, le gouvernement propose diverses incitations fiscales pour les nouveaux investissements. Ces mesures incluent des exonérations temporaires pour les entreprises opérant dans des secteurs prioritaires comme l’agriculture, l’énergie renouvelable et les infrastructures.
La protection juridique des investissements est assurée par plusieurs accords bilatéraux signés avec divers partenaires internationaux. Ces accords garantissent une protection contre l’expropriation sans indemnisation adéquate et assurent la libre transférabilité des capitaux.
Le délai moyen pour créer une entreprise au Mali est estimé à 10 jours ouvrables. Des efforts de simplification administrative sont en cours pour réduire ce délai et éliminer les obstacles bureaucratiques qui freinent encore l’entrepreneuriat.
Analyse SWOT
Forces
- Richesse en ressources naturelles (or, lithium, coton)
- Croissance économique stable (4,5% en 2023, 5,1% prévu en 2024)
- Monnaie stable (Franc CFA indexé sur l’euro)
Faiblesses
- Bureaucratie et accès limité au financement
- Défis sécuritaires dans certaines régions
Opportunités
- Développement des infrastructures routières et ferroviaires
- Expansion des secteurs miniers et agricoles
- Potentiel inexploité des énergies renouvelables
Menaces
- Instabilité politique et sécuritaire dans certaines zones
- Dépendance aux fluctuations des prix des matières premières
Perspectives à 5 ans
Les prévisions économiques annoncent une croissance de 5,5% d’ici 2028, soutenue par plusieurs développements structurels. La modernisation des infrastructures de transport, notamment les ports et le réseau ferroviaire, devrait fluidifier les échanges commerciaux.
Une augmentation des Investissements Directs Étrangers est anticipée dans les secteurs minier, agricole et énergétique. L’amélioration progressive du climat des affaires, avec la simplification des procédures administratives et de nouvelles incitations fiscales, devrait également stimuler l’économie.
Conclusion
Le Mali offre un potentiel économique considérable pour les investisseurs internationaux. Les secteurs miniers, agricoles, énergétiques et les domaines émergents comme la santé, l’éducation et les FinTechs présentent des opportunités attractives. La collaboration entre les ressources naturelles maliennes et l’expertise internationale peut générer des bénéfices mutuels durables.